est-ce normal de stress avant un contrôle

… de stresser avant chaque contrôle médical ?

Avant les résultats d’une biopsie, un examen de contrôle ou une visite chez l’oncologue, nombreuses sont les personnes malades ou en rémission qui ressentent un stress à l’approche de ces rendez-vous. Un mal douloureux mais nécessaire ?

Décembre 2025 (n° 408) – Texte : Chloé Dussère
Temps de lecture : 10 minutes

 

Plutôt que de parler de « stress », le docteur Sylvie Dolbeault, médecin psychiatre à l’Institut Curie préfère utiliser les expressions « préoccupation anxieuse » ou« anticipation anxieuse ». Ces termes désignent une réalité qui peut, à l’approche d’un rendez-vous médical, prendre des formes variées : sensation de « boule au ventre », douleur à l’endroit où l’on a déjà été opéré, troubles du sommeil, perte d’appétit, vertiges, sautes d’humeur, pensées anxieuses en boucle, difficultés à travailler, à se concentrer…

Comme de nombreuses personnes malades, Françoise Boissonnat, en traitement pour une récidive de cancer du sein, vit douloureusement la perspective d’un rendez-vous de suivi avec son oncologue. Elle raconte : « Je suis devenue insomniaque le jour de ma toute première opération, en 2004, et depuis la récidive, en 2021, c’est pire. Avant chaque rendez-vous, je ne dors pas et je stresse comme avant de passer un oral ».

Les émotions négatives, comme l’angoisse, sont légitimes. »

Dr Sylvie Dolbeault,
médecin psychiatre à l’Institut Curie

Un mécanisme qui a du sens

Si les symptômes physiques, psychiques et cognitifs de cette anxiété peuvent être particulièrement difficiles à supporter, « ils participent d’un mécanisme tout à fait normal », rassure le docteur Dolbeault. Elle poursuit : « Cette sensation anxieuse montre que la personne a compris les enjeux du rendez-vous qu’elle attend : un traitement qui fonctionne, une récidive, une progression ou une régression. À l’inverse, ne rien ressentir de particulier avant une échéance médicale peut être le signe d’une banalisation, d’une mise à distance de la question de la maladie, voire d’un déni de la réalité ». La préoccupation anxieuse aurait même une fonction, celle de nous aider à anticiper les différents scénarios possibles, dont celui d’une mauvaise nouvelle.

« Cette anxiété, quand elle survient dans le contexte précis de l’approche d’un rendez-vous médical, aide à se préparer à l’annonce d’un scénario qui serait défavorable, poursuit le docteur Dolbeault. En général, avoir envisagé la possibilité d’une mauvaise nouvelle rend capable de mieux la digérer. » Pour Françoise, la perspective d’un nouveau rendez-vous de suivi avec son oncologue entraîne toujours la même interrogation : « Si les résultats ne sont pas bons, aurai-je la force d’encaisser une fois de plus et de repartir pour un nouveau traitement ? ».

Des outils pour accepter

S’il est tout à fait normal de vivre un épisode d’anticipation anxieuse, celui-ci ne doit pas non plus devenir envahissant au point d’entraver durablement la vie personnelle et/ou professionnelle. Si tel est le cas, il ne faut pas hésiter à en parler à son médecin, voire à solliciter un accompagnement psychologique pour réussir à mettre des mots sur ce que l’on ressent et faire le lien entre l’angoisse et le sujet de cette angoisse. « Les ateliers d’éducation thérapeutique, l’activité physique adaptée, la méditation ou la sophrologie peuvent aussi être d’une grande aide, précise le docteur Dolbeault. Face aux injonctions à la pensée positive, je voudrais aussi rappeler que l’angoisse n’est pas dangereuse ; elle n’aggrave ni ne cause le cancer. Il est important d’accepter ses émotions négatives et le fait qu’elles puissent fluctuer tout au long du parcours médical. »

Stress avant chaque contrôle médical

« Être malade, c’est faire l’expérience de l’intranquillité permanente. »

Françoise Boissonnat est bénévole et patiente ressource au sein du comité 42 de la Ligue contre le cancer

« Chacun sait qu’il est mortel, mais moi, depuis qu’on m’a diagnostiqué un cancer du sein en 2004, puis une récidive dix-sept ans plus tard, j’en suis parfaitement consciente. Je n’ai pas l’angoisse permanente de la mort mais j’y pense. Je suis juste devenue intranquille. Avant un rendez-vous, je suis plus tendue et je n’ai pas forcément envie d’en parler à mes proches, même si je n’ai jamais caché la maladie. Pour évacuer, je marche, ou plutôt je « bourrine » ! Pour me vider le cerveau, je regarde des séries. Je lis beaucoup : romans, essais…

J’ai besoin de beauté dans ma vie et de me nourrir spirituellement. Les stoïciens ont ma préférence. Et j’ai la chance, entre famille et amis, d’être très entourée. Tout ce qui fait du bien, tout ce qui tient cette intranquillité à distance est bon à prendre ! »

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