« Je voudrais que mon histoire pousse les hommes à consulter. »

En 2022, Claude Dupeyron a été traité pour un cancer de la verge. Une maladie rare et encore taboue dont le diagnostic s’est révélé long et difficile. Trois ans plus tard,
à 79 ans, il souhaite lever le tabou sur ce cancer.

Septembre 2025 (n° 407) – Texte : Chloé Dussère
Temps de lecture : 10 minutes

 

En bonne santé, malgré un AVC subi quelques années plus tôt, Claude Dupeyron est alerté un matin par une protubérance de couleur rouge au bout de sa verge, apparue dans la nuit.

« C’est arrivé du jour au lendemain, raconte-t-il. Cela m’a assez inquiété pour que je consulte mon médecin généraliste en urgence. » Claude ne se doute pas encore qu’il n’est qu’au début d’un long parcours d’errance thérapeutique.

Un véritable parcours du combattant

Pendant trois mois, il enchaîne les rendez-vous médicaux dans son département de l’Ariège et en dehors – chez l’urologue, le dermatologue, au sein de cliniques et laboratoires… – mais aussi les refus de prise en charge. Les examens se multiplient, le temps passe et l’inquiétude s’installe avec la douleur. « Je pouvais à peine supporter le contact d’un sous-vêtement, c’était intolérable, se souvient Claude. Situé dans cet endroit intime, mon problème suscitait aussi des doutes de la part des médecins qui soupçonnaient une maladie sexuellement transmissible et c’était, pour moi et mon épouse, très difficile à entendre. »

Un diagnostic libérateur malgré la peur

Au bout de trois mois, le mot est prononcé : cancer de la verge. « Mon père et ma belle-mère étant décédés d’un cancer, j’ai eu très peur de cette annonce », raconte Claude. « Malgré ce diagnostic, nous étions soulagés d’être enfin pris en charge après ces semaines d’incertitudes : la confiance avec les soignants a pu s’installer », ajoute Michelle, son épouse toujours mobilisée à ses côtés. Pour Claude, les choses s’accélèrent ; il est adressé par son urologue à la clinique de la Croix du Sud, près de Toulouse. Il faut agir rapidement car un cancer de la verge peut se propager et le seul traitement pour l’endiguer relève de la chirurgie. Ancien journaliste reporter ayant connu des situations dangereuses aux quatre coins du monde, Claude pensait avoir dompté la peur.
Mais la perspective de l’opération l’angoisse. « En particulier, l’idée d’être endormi m’effrayait, explique-t-il. J’avais surtout peur de ne pas me réveiller à la suite de l’anesthésie générale. » Heureusement, l’opération – l’ablation de 3 centimètres de sa verge – se déroule parfaitement bien. Claude se réveille, entouré des siens et d’une équipe de soignants, chaleureusement mobilisée à ses côtés.

Si je prends la parole aujourd’hui, c’est pour faire connaître le cancer de la verge et inviter les hommes à consulter. »

Claude Dupeyron

Une vie qui reprend, autrement

Après quelques jours d’hospitalisation, Claude peut rentrer chez lui. Les deux premières années après son opération, un suivi chez l’urologue était nécessaire tous les trois mois, puis tous les six mois. Désormais, une simple visite annuelle suffit et la vie de Claude a repris son cours, moyennant quelques changements.

« Je dois désormais uriner en position assise, être particulièrement vigilant sur
l’hygiène et, avec mon épouse, nous avons dû renoncer à une sexualité, ce qui, à notre âge, est acceptable »,
estime-t-il.

Un témoignage pour informer

En réfléchissant à l’ensemble de son parcours, Claude, de nature positive, n’exprime qu’un seul regret : celui d’avoir manqué d’information. « Même en effectuant des recherches sur Internet, j’ai trouvé très peu de témoignages d’hommes qui vivaient la même situation que moi, analyse l’octogénaire. Si je
prends la parole aujourd’hui, c’est pour faire connaître le cancer de la verge et inviter les hommes à consulter, dès qu’ils ont le moindre doute ou qu’ils perçoivent quelque chose d’anormal.
Par exemple, avec ma femme, nous avions remarqué une baisse de mes érections mais j’avais mis cela sur le compte de l’âge. En réalité, cela devait être les prémices de la maladie. »
Comme la grande majorité des cancers, celui de la verge bénéficie d’une meilleure prise en charge s’il est détecté tôt. Claude en est la preuve.

Ça m’a aidé !

Mes proches
En plus de ma femme, toujours à mes côtés après 57 ans de mariage, mes enfants et mon frère m’ont soutenu en permanence. Vu la localisation de mon cancer, j’ai eu du mal à en parler à beaucoup d’autres personnes. Ce cercle d’intimes était précieux.

Les archives et l’écriture
Je me suis replongé dans les archives de mon métier de reporter et cela m’a poussé à écrire un livre sur ce vécu qui m’a forgé le caractère que j’ai aujourd’hui.

L’ALD
Bénéficiant d’une prise en charge en affection longue durée (ALD), je me sens reconnu et soutenu. Cela me permet, par exemple, de profiter d’une assistance pour les transports afin de ne pas prendre de risques au volant. C’est appréciable quand je dois me rendre à la clinique située à 70 kilomètres de mon domicile. Ce n’est pas simplement une question de confort, mais de sécurité pour moi et pour les autres.