
UV, un danger trop négligé ?
Dans une société où le bronzage et la « bonne mine » sont valorisés, difficile de faire entendre les messages de prévention. Pourtant, si le soleil est indispensable à la vie, l’exposition aux rayons ultraviolets (UV) n’est pas sans risque pour la santé.
Juin 2025 (n°406) – Texte : Chloé Dussère
Temps de lecture : 10 minutes

Nous apprécions tous le soleil, essentiel pour le moral et la production de vitamine D dans la peau, laquelle fixe le calcium.
« Seulement 15 à 20 minutes de soleil sur le visage et les avant-bras en été suffisent à synthétiser la vitamine D », rappelle le docteur Nicole Ménard, dermatologue.
Un ennemi invisible
Le soleil émet trois types de rayonnements : les infrarouges,
qui chauffent et peuvent causer insolation et déshydratation ; la lumière visible, qui agit sur la bonne humeur ; et les ultraviolets (UVA et UVB notamment).
Parce qu’ils n’émettent pas de chaleur, nous n’avons pas conscience de cette exposition aux ultraviolets. Pourtant, ce sont eux qui peuvent causer des cancers de la peau. « Nous naissons avec un capital solaire, soit une quantité limitée d’UV vis-à-vis de laquelle notre peau est capable de se réparer tout au long de notre vie, explique le docteur Nicole Ménard. Quelle que soit notre couleur de peau, chaque exposition au soleil est une agression qui dégrade l’ADN de nos cellules et que notre peau doit réparer. À la longue, des erreurs dans la réparation de l’ADN peuvent survenir, entraînant une mutation
des cellules, et donc un cancer. »
Le capital solaire, un trésor à préserver
Le vieillissement cutané, l’apparition de taches brunes, de rides ou de couperose ainsi que la survenue de cancers indiquent un épuisement du capital solaire. Il s’agit donc de le préserver, par tous les temps, y compris quand le soleil semble être caché derrière les nuages, et ce, dès le plus jeune âge.
« Avant l’âge de 3 ans, l’exposition au soleil est à proscrire, prévient le docteur Ménard. Les coups de soleil durant l’enfance et l’adolescence, du fait de l’immaturité de la peau, favorisent le développement du mélanome, qui peut toucher des sujets jeunes. » Les expositions solaires prolongées dès l’enfance
au cours des loisirs, mais aussi chez l’adulte travaillant en extérieur sans protection suffisante, sont à l’origine des carcinomes.
Bronzer, c’est agresser sa peau. Il n’existe pas de bronzage sain. »
Docteur Nicole Ménard, dermatologue
Des signes qui doivent alerter
Un grain de beauté suggérant un mélanome répond à plusieurs critères : une forme asymétrique (A), des bords irréguliers (B), une couleur hétérogène (C), une grande taille (D), une évolution de sa taille (E). Le carcinome, un type de cancer qui prend naissance à la surface de la peau (tissu épithélial), est souvent révélé par l’apparition d’une croûte, parfois sensible, d’une plaie qui ne cicatrise pas ou d’une lésion rouge qui persiste. Tous ces signes doivent inciter à consulter
son médecin traitant qui réorientera vers un dermatologue si nécessaire.
« Face à la pénurie de dermatologues, il est important d’éduquer la population à se regarder la peau régulièrement pour consulter précocement », alerte le docteur Ménard. Des applications aidant au dépistage des cancers cutanés grâce à l’intelligence artificielle vont se développer dans les années à venir.

Pour en savoir + :
Brochure Soleil, UV et cancer – Profitez en toute sécurité, disponible sur ligue-cancer.net
3 questions à Emmanuel Ricard,
directeur de la prévention et promotion du dépistage à la Ligue contre le cancer
« La Ligue apporte le sujet de la protection solaire à l’école. »
Pourquoi est-il crucial de sensibiliser les enfants au risque solaire ?
L’organisme d’un enfant est encore en formation et cette immaturité lui donne une vulnérabilité supérieure, un risque accru d’être impacté par les rayonnements UV qui sont le lit des cancers de la peau.
Comment la Ligue agit-elle pour la prévention solaire ?
Notre journal Clap’ Santé et notre site Lig’up proposent des contenus adaptés aux plus jeunes, facilement utilisables à l’école. Chaque année, notre « défi scolaire » invite les classes à réaliser une œuvre sur un thème de santé, le soleil étant souvent choisi. Un jury récompense les plus belles créations. La semaine du 20 juin, une campagne nationale sur le risque solaire est lancée et les comités de la Ligue relaient cette sensibilisation tout l’été. Enfin, grâce au dispositif « Ma Ville se Ligue », nous mobilisons des municipalités autour d’actions comme l’aménagement d’espaces ombragés.
Un message pour les parents avant l’été ?
Privilégiez l’ombre, limitez les activités extérieures quand le soleil est au plus haut (12 h-16 h) et un bon équipement : des vêtements couvrants, chapeau et lunettes de soleil. Le recours à une crème solaire à un indice maximal, quelle que soit la couleur de peau de l’enfant, appliquée toutes les deux heures est vraiment indispensable. Il est parfois difficile de faire coopérer les enfants mais pour ceux qui sont sensibles aux arguments vestimentaires, il existe aujourd’hui des vêtements de protection anti-UV qui leur plaisent. Et si, malgré tout, le coup de soleil arrive, il est important de ne pas le banaliser.
Pour en savoir +, regardez la vidéo « Faire du soleil un plaisir » !
Cancer de la peau :
quels sont les risques encourus quand on s’expose au soleil sans protection ?
Source : Panorama des cancers 2024, INCa.
-
17 922
NOUVEAUX CAS
de mélanomes cutanés en 2023 en France (9 109 chez les hommes, 8 813 chez les femmes). -
70 %
DES MÉLANOMES
CUTANÉS
sont dus à une exposition excessive au soleil et sont liés aux coups de soleil de l’enfance et aux expositions solaires intermittentes et intenses. -
380
NOUVEAUX CAS DE MÉLANOMES
apparaissent chaque année en France. Les cabines de bronzage générant des UV artificiels en seraient responsables. -
90 %
DES CANCERS DE LA PEAU
sont guéris s’ils sont détectés tôt.
Comment se protéger efficacement du soleil ?

On n’oublie pas la crème solaire
Renouvelée toutes les deux heures, et plus particulièrement après la baignade, la crème solaire avec un indice UV élevé s’applique sur toutes les parties du corps qui ne sont pas couvertes, sans oublier la nuque, les oreilles, les mains, les pieds et le crâne pour les chauves. Face à la mer ou à la neige, la réverbération des rayons est particulièrement importante ; c’est pourquoi il est crucial d’être encore plus vigilant. L’application d’un baume à lèvres contenant une protection solaire est aussi fortement recommandée.

On s’équipe !
La tenue idéale pour minimiser les risques, c’est :
- un chapeau à bords larges pour protéger le visage, la nuque et les oreilles (on évite la casquette) ;
- une tenue couvrante et ample, idéalement en coton léger, voire un tee-shirt anti-UV (utile à la plage) ;
- une paire de lunettes de soleil dotées d’un filtre anti-UV ;
- ce numéro de Vivre pour se souvenir des bons réflexes !
On privilégie l’ombre
Préau, intérieur, arbres… la meilleure façon d’éviter les risques liés au soleil est de rester à l’ombre. Attention, un parasol ou un ciel voilé ne protègent pas complètement du soleil. Et, en particulier, l’été, il est indispensable d’éviter toute exposition quand les rayons UV sont les plus intenses : entre 10 h et 14 h en outre-mer et entre 12 h et 16 h en métropole.