Ligués contre le cancer

Retour à l'emploi

Une entreprise au grand cœur

Racheter une entreprise pour faciliter l’emploi de Christelle, sa maman, c’est le pari qu’a fait Maxence Laze à seulement 22 ans. Depuis, il donne aussi leur chance à d’autres personnes à la santé fragile. Rencontre.

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Retour à l'emploi

18/12/2023

Christelle, racontez-nous votre histoire…

Christelle Laze : En 2017, on m’a diagnostiqué un cancer du sein de type 4. Le protocole de soins s’est arrêté fin 2021. À ce moment-là, le médecin m’a déclarée apte à reprendre le travail. Seulement voilà : chaque fois que j’ai été reçue en entretien d’embauche, aucun employeur n’acceptait de prendre le risque de travailler avec moi !

C’est à ce moment-là que votre fils a eu l’idée de racheter une entreprise de peinture en bâtiment à Laval (53) ?
C. L. : Par le passé, j’ai été amenée à prendre la gérance de plusieurs entre-prises. Comme je venais à peine d’être en rémission et que j’étais encore sous traitement, les banques n’ont pas voulu me prêter d’argent. Maxence s’est alors proposé de racheter la structure à son nom.
Maxence Laze : C’est une grande responsabilité que j’ai dû endosser à seule-ment 22 ans, moi qui m’orientais plutôt vers des études de maîtrise d’œuvre. Mais aujourd’hui, avec le recul, je suis heureux d’avoir fait ce choix car j’ai pu aider ma mère à s’en sortir et je m’épanouis dans mon travail.

Comment avez-vous été soutenus pour lancer votre affaire ?
M. L. : Nous avons fait appel au réseau France Active, une organisation qui a pour mission de soutenir et de financer les entreprises solidaires. Les équipes ont accepté de se porter garantes à hauteur de 60 % de notre crédit. Une chance pour nous !

Comment avez-vous accompagné votre fils dans ce projet ?
C. L. : Je me suis surtout occupée de toute la phase administrative en amont. Aujourd’hui, c’est Maxence, le gérant. Il assure comme un chef sur toute la partie financière, commerciale et promotionnelle !

Vous facilitez l’embauche de personnes malades, handicapées ou simplement proches de la retraite. Pourquoi avoir fait ce choix ?
M. L. : On a simplement fait le pari de l’humain. Notre credo, c’est de faire en sorte qu’une carrière ne s’arrête pas à une maladie ou à un âge proche de la retraite.
C. L. : Me laisser ma chance à moi, c’est laisser leur chance aux autres aussi !

Comment parvenez-vous à adapter l’environnement de travail de vos employés ?
M. L. : Les six premiers mois, nous nous sommes adaptés à ma maman. Aujourd’hui, nous nous adaptons à l’en-semble de nos cinq employés, quel que soit leur problème de santé. Certains ont le statut de travailleurs handicapés, d’autres sont à la retraite mais ont besoin de travailler. D’autres, encore, sont apprentis en reconversion et bénéficient de la transmission de nos aînés. Cela passe par des jours de repos offerts, mais aussi des investissements dans du matériel adapté, comme le financement d’un camion que mes employés ont choisi eux-mêmes, mais aussi d’outils allégés (manches de rouleau de peinture, échafaudages…). Et tout cela, sans aide de l’État.

Embaucher des personnes malades paraît risqué du point de vue d’un entrepreneur classique. Qu’est-ce qui fait que ça fonctionne pour vous ?
M. L. : C’est un choix que j’assume. Je suis dans une vraie démarche sociale, ce qui implique plus d’écoute et d’empathie. J’ai la chance de travailler avec des personnes impliquées, toujours à l’heure, sans contraintes familiales et très consciencieuses dans leur travail. Nos clients sont très satisfaits du service rendu, même si cela suppose pour eux des délais d’exécution un peu plus longs et nous de gagner moins d’argent.

Christelle, comment allez-vous aujourd’hui ? Quel est votre suivi médical ?
C. L. : Après une carrière dans l’entrepreneuriat, je suis devenue peintre sur les chantiers. Je suis heureuse d’avoir un travail qui occupe mes journées. J’ai un traitement d’immunothérapie par voie orale qui me fatigue un peu. Mais j’ai la chance de ne pas avoir d’effets secondaires très importants. Je vois mon oncologue tous les six mois. Aux dernières nouvelles, tout va bien !

Cancer : que faire pour conserver son emploi ?
Commencez par faire connaître vos problèmes de santé au médecin du travail. Selon votre état, il peut constater un risque d’inaptitude médicale et adresser des propositions à votre employeur pour aménager, adapter ou transformer votre poste de travail. Le médecin du travail, Cap emploi et différents professionnels peuvent aider votre employeur à trouver une solution de maintien dans l’emploi et son financement. Une fois la solution de compensation mise en place, Cap emploi assure un suivi de votre situation à six mois. Passé ce délai, vous pourrez à tout moment solliciter le médecin du travail si votre maladie évolue ou si de nouvelles difficultés apparaissent.

En savoir plus
https://www.monparcourshandicap.gouv.fr/emploi/salarie-que-faire-pour-conserver-mon-emploi