Ligués contre le cancer

Covid-19

Retour d’expérience : ils nous racontent comment ils ont vécu la crise

Sur le terrain, nombreux sont ceux qui luttaient contre le cancer et ont dû réagir rapidement dès mars 2020 pour adapter leurs services. Comment-ont-ils vécu ces deux années particulières ? Quel a été l’impact sur leur travail ?

Pandémie
Prise en charge
Réorganisation
Vécu

14/03/2022

« L’objectif était d’éviter  toute perte de chance,  en mettant tout en œuvre  pour assurer la continuité des soins. »

Nicolas Salvi, directeur général adjoint de l’Icans (Institut de cancérologie Strasbourg Europe)

Marylène Ennahar-Vuillemin, directrice qualité, gestion des risques et relations avec les usagers de l’Icans (Institut de cancérologie Strasbourg Europe)

Quel a été l’impact de la crise sanitaire ?

La typologie de nos patients nous imposait de maintenir notre activité. Aussi, dès mars 2020, nous avons mis sur pied une cellule de coordination Covid-19, afin de définir la stratégie. L’objectif était d’éviter toute perte de chance, en mettant tout en œuvre pour assurer la continuité des soins. Nous avons limité les déprogrammations, incontournables à certaines périodes de l’épidémie, aux seules interventions bénignes et à certaines activités qui pouvaient être décalées. Nous avons ainsi pu maintenir les traitements prévus, y compris pour les patients positifs  à la Covid, lorsqu’un report de leur rendez-vous n’était pas envisageable. Afin de réduire les risques, nous  avons mis en place des restrictions temporaires sur les visites, sauf dans certaines situations. Lorsque les premiers cas de Covid sont apparus, nous avons concilié deux contraintes majeures : la prise en charge de patients à risque de développer une forme sévère de la maladie et celle  de patients pour lesquels un report  du traitement oncologique pouvait avoir un impact immédiat. Cela nous  a conduits à réorganiser nos activités.

À l’inverse, avez-vous développé  des activités nouvelles ?

Nous nous sommes organisés pour  la prise en charge des patients Covid suspects ou positifs, avec notamment la transformation d’une unité de surveillance continue, puis d’une unité de chirurgie, en une unité dédiée à la prise en charge des patients cas avérés ou suspects Covid. Et nous avons obtenu de l’ARS une autorisation exceptionnelle pour accueillir, de façon temporaire, des patients nécessitant une prise en charge de type réanimation. Nous avons ainsi ouvert plusieurs lits au sein de l’unité de surveillance continue.

« Cette crise a mis en lumière la nécessité, pour les établissements de santé, de travailler l’organisation et l’adaptation nécessaires à la gestion de situations sanitaires exceptionnelles. »

Y a-t-il eu un impact en matière de prévention ?

La crise sanitaire, surtout sa première vague et le confinement, a eu un impact sur les dépistages périodiques et la détection précoce des cancers. Ces retards sont souvent synonymes  de prises en charge plus complexes. Plus largement, nous avons également géré l’inquiétude de certains patients qui, durant le premier confinement, craignaient de sortir, de prendre les transports et de se rendre à l’Institut. Les médecins référents les ont donc contactés directement et nous avons mené une série d’actions d’information, y compris par SMS et sur les réseaux sociaux.

Quelles leçons tirer de cette crise sanitaire ?

Le secteur hospitalier a été confronté à une crise sans précédent. Les équipes ont dû s’adapter et innover en permanence pour garantir la prise en charge des patients. Cette crise a mis en lumière la nécessité, pour les établissements de santé, de travailler l’organisation et l’adaptation nécessaires à la gestion de situations sanitaires exceptionnelles. C’est un nouveau défi pour tous les établissements : gérer une situation épidémique en protégeant patients et professionnels, tout en poursuivant la prise en charge des patients.

« Un objectif prioritaire : garder le lien ! »

Marie-Christine Larive, présidente du Comité de Loire-Atlantique à la Ligue contre le cancer

Comment avez-vous vécu la crise, notamment à ses débuts ?

La crise sanitaire nous a pris au dépourvu, comme tout le monde. Il a fallu réagir très vite, avec un objectif prioritaire : maintenir le lien avec les patients, les salariés, les bénévoles  et les administrateurs. Nous avons donc équipé nos treize salariés pour qu’ils puissent travailler dans de bonnes conditions en télétravail (ordinateurs portables, accès au serveur et aux logiciels métiers à distance…). Les administrateurs  ont appris à tenir les Conseils d’administration et les Bureaux en visioconférence. Malgré les perturbations, nous sommes parvenus à maintenir l’accueil téléphonique du Comité. Lors du premier confinement, il s’est révélé essentiel pour apporter un soutien psychologique aux nombreux patients et proches fragilisés par la crise.

Est-ce que cette crise a quand même eu des impacts positifs ?

Oui, elle a eu des impacts inattendus et, il faut le reconnaître, parfois positifs. La visioconférence nous a permis d’élargir nos possibilités d’intervention auprès des patients éloignés de nos deux Espaces Ligue de Nantes et de Saint-Nazaire (Loire-Atlantique). Par exemple, en proposant un coaching, l’accompagnement des patients ressources, le groupe de parole d’aide à l’arrêt du tabac, et même de l’activité physique adaptée par écrans interposés ! C’est pourquoi nous avons décidé de maintenir cette approche au-delà de la crise sanitaire.

Et puis, tout au long de la pandémie, nous nous sommes efforcés de rassurer les patients, inquiets des risques de contamination, pour qu’ils continuent de consulter les médecins, poursuivent leurs traitements, répondent aux invitations de dépistage organisé. Nous avons même réalisé, avec la complicité d’une patiente, un témoignage vidéo pour insister sur la nécessité de la continuité des soins.