Ligués contre le cancer

Psychologie

Peut-on parler de stress post-traumatique ?

Parce que le cancer est une maladie qui peut avoir un impact profond sur la vie d’une personne, aussi bien sur le plan physique que psychologique, on peut parler d’expérience traumatique. Un concept à nuancer avec celui du trouble de stress post-traumatique.

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Psychothérapie
Stress post-traumatique

18/03/2024

Que ce soit dans la littérature, au cinéma ou dans les médias, nous avons tous un jour entendu parler du trouble de stress post-traumatique (TSPT). Et pour cause : ce trouble est relativement répandu, surtout parmi les victimes d’événements traumatiques tels que la guerre, les attentats, les agressions sexuelles, les catastrophes naturelles, les accidents graves… Il se caractérise par un ressassement de l’événement que l’on a subi, des cauchemars en série, des comportements d’évitement, des troubles du sommeil, une hypervigilance ou encore des symptômes dépressifs. Mais peut-on parler de trouble de stress post-traumatique dans le champ de la cancérologie ?

Potentiel anxiogène


« Même si le cancer se soigne de mieux en mieux, l’expérience du cancer résonne encore aujourd’hui comme une sentence de mort qui génère de la détresse, de la tristesse et de l’anxiété chez la personne qui en souffre. C’est précisément parce que la maladie a ce potentiel anxiogène éminemment déstructurant, qu’elle peut s’accompagner de quelque chose de traumatique (les circonstances de la découverte, l’annonce déstabilisante du diagnostic…). Cependant, le cancer n’est pas comparable au psycho-traumatisme tel qu’on le vit dans les agressions ou les attentats. Simplement parce que ce qui caractérise un événement traumatique classique, c’est qu’il a un début et une fin, contrairement au cancer », souligne Cyril Tarquinio, professeur à l’Université de Lorraine et directeur du centre Pierre Janet de Metz (Moselle) dédié aux évolutions et à l’innovation dans le domaine de la psychothérapie.

Une histoire sans fin


À la différence d’une agression ou d’un viol, qui sont des événements terminés avec lesquels on continue d’entretenir un rapport subjectif et pathogène, le cancer est une succession d’événements à caractère anxiogène et traumatique qui vont s’additionner dans le temps et ne jamais vraiment cesser. Il y a d’abord la découverte de la maladie, puis l’attente des premiers résultats, les traitements lourds, les effets secondaires, la phase de rémission et, enfin, la peur de la récidive. « On est dans une accumulation de désordres et d’événements qui sont porteurs d’une détresse et qui peuvent à chaque instant nous faire replonger dans une situation de lutte contre la maladie, avec la conscience qu’elle peut à tout moment nous vaincre et emporter la vie que nous avons au fond de nous », explique Cyril Tarquinio. En cela, le cancer est bien plus difficile à gérer qu’un trouble de stress post-traumatique.

Des solutions existent


La dimension traumatique du cancer est donc avérée. Le stress, la détresse et l’anxiété qui l’accompagnent génèrent des états physiologiques et psychologiques qui, s’ils se chronicisent, altèrent l’efficacité du système immunitaire. Afin de se donner un maximum de chances, on peut accompagner cette peine, cette souffrance, cette peur avec des dispositifs tels que les psychothérapies. « L’important, c’est surtout d’avoir un entourage qui nous aime, de faire de l’activité physique et d’avoir une alimentation équilibrée pour prendre soin de son système immunitaire. C’est aussi de faire de la méditation, d’avoir des relations sociales et des relations amoureuses, de se promener dans la nature, de profiter de l’instant présent et des petits bonheurs de la vie. Et si cela ne suffit pas, alors bénéficier d’une prise en charge psychothérapeutique peut aider à lutter contre ces états de détresse psychologique », ajoute Cyril Tarquinio. Autant de leviers à activer pour nous aider à mobiliser tout notre corps dans la lutte contre le cancer.

À lire


Manuel des troubles psychotraumatiques – théories et pratiques cliniques,
de Cyril Tarquinio et Yann Auxéméry, Éd. Dunod, 2022 ;
Les maladies ne tombent peut-être pas du ciel – comment les événements négatifs ont un impact sur notre santé, de Cyril Tarquinio, Éd. Dunod, 2022.


Pour en savoir plus


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Du lundi au vendredi, de 9 h à 19 h, vous pouvez accéder, en tapant 1, à un service d’écoute et de soutien, anonyme et confidentiel, assuré par des psychologues.