Ligués contre le cancer

Portrait

Mère et fille, même combat !

Christine n’a pas eu le cancer, mais elle a accompagné chaque jour sa fille Clara dans ce combat douloureux afin que chacune en sorte grandie. C’est l’histoire de liens indéfectibles entre une mère et la chair de sa chair.

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Leucémie

23/09/2022

Christine Hainaut et sa fille Clara

Moi, j’ai pas le cancer, de Christine Hainaut, raconte l’histoire de Léa, une maman ayant accompagné sa fille Victoire, 14 ans, dans son combat contre le cancer. Un roman qui s’inspire de la propre histoire de l’auteure, dont la fille Clara, aujourd’hui 23 ans, a été diagnostiquée en 2014 pour une leucémie. « Le choix de transformer mon témoignage en fiction m’a permis de me raconter plus librement, et surtout d’en faire un livre de développement personnel avec des notes à moi-même travaillées à partir des dernières recherches en neurosciences », observe-t-elle. Pour autant, de l’aveu de Clara elle-même : « Aujourd’hui, je ne me sens toujours pas prête à lire le roman de ma mère, j’ai besoin de plus de temps, car cela me rappelle beaucoup trop cette période de ma vie ». En revanche, la jeune femme a accepté que sa mère lui explique sa démarche, celle de traduire avec les mots les plus justes la souffrance que traversent les aidants familiaux, quand bien même ce ne sont pas eux les malades. « J’ai pris conscience de sa réalité, moi qui étais enfermée dans ma bulle de patiente, à juste titre, puisque je combattais la maladie », admet Clara. Une prise de recul salutaire.

« Toutes les deux, on s’est mises à vivre encore plus l’instant présent. »

Christine Hainaut


En 2014, la découverte de la maladie de Clara fut très brutale. Une fatigue latente, des ganglions qui grossissent puis, un matin, d’énormes hématomes sur les jambes. Un tour chez le médecin traitant, une prise de sang réalisée en urgence et le couperet tombe : c’est une leucémie. Un cancer du sang, devrait-on plutôt dire. Un choc pour cette famille de sportifs, Christine étant professeure de sport, Clara, jeune espoir en triathlon, et Gauthier, l’aîné, triathlète de haut niveau.
Le protocole de soins est sans appel : des séances de chimiothérapie qui la conduisent jusqu’à l’aplasie, un appauvrissement en globules sanguins, et donc à l’isolement en chambre protégée. Finie la vie sociale ! Fini le sport de haut niveau ! « Même si j’avais conscience que la maladie de ma sœur était grave, j’ai toujours été optimiste sur ses chances de guérison, car je savais qu’elle avait un mental d’acier », souligne fièrement Gauthier. Le traitement lui provoquera néanmoins des nécroses osseuses au niveau des genoux, des gencives et de la hanche, l’obligeant à porter une prothèse et à souffrir de douleurs qui ne partent plus. « Je ne pensais pas que les traitements m’abîmeraient à ce point ! », s’étonne encore Clara.

Si Christine s’est sentie extrêmement isolée pendant le combat de sa fille (elle vit seule avec ses deux enfants), elle a reçu un élan de solidarité inattendu de la part du club sportif de Clara. Une page Facebook baptisée On t’aime fort, Clara a même été ouverte en son honneur ! De là s’est créée une association qui a permis la vente solidaire de petits bracelets. De quoi aider Christine à financer l’alimentation protégée, les soins de confort et les allers-retours quotidiens à l’hôpital, qui équivalaient à quatre heures de trajet en voiture ! Complètement dévouée à sa fille, Christine a eu tendance à s’oublier. Puis, un jour, le déclic : elle s’est de nouveau autorisée à vivre et s’est remise dans l’action, en profitant pour embarquer sa fille avec elle. « On a commencé à refaire de la marche, de la course à pied et du vélo. On s’est mises à vivre à fond l’instant présent », se souvient Christine. De quoi redonner confiance à Clara.

« Ma mère m’a aidée à tenir le cap. »

Clara

Dès que sa fille a pu reprendre des forces, Christine n’a eu de cesse de lui offrir un avenir. « Ça devait forcément passer par la scolarité », avoue-t-elle. En pleine année du brevet des collèges, Clara n’a pas pu suivre les cours normalement.

« Ma mère a lutté pour que j’obtienne la venue d’une équipe pédagogique à domicile », raconte-t-elle. Un vrai parcours du combattant ! Mais le résultat est là : Clara décroche non seulement son diplôme, mais plus tard, grâce à un enseignement adapté à la maison, obtient également le bac du premier coup.

« Aujourd’hui, si j’ai un métier en main, c’est en partie grâce à ma mère. Elle m’a aidée à tenir le cap et à me construire une situation », reconnaît-elle. Aujourd’hui en rémission, mais toujours douloureuse, la jeune femme vit pleinement sa vie à Paris. Elle garde un lien très fort avec sa maman, installée à Montpellier, dans l’Hérault, près de son frère. Christine continue le combat pour faire connaître les cancers pédiatriques au plus grand nombre. À l’été 2021, pour accompagner la sortie de son roman, elle parcourait 4 400 kilomètres, dont plus de 2 200 à vélo gravel, pour le Ride des colibris, un tour de France à vélo en autonomie qu’elle a elle-même fondé. Un livre racontant ce périple devrait bientôt sortir. À suivre…

En savoir plus
Moi, j’ai pas le cancer, un roman de Christine Hainaut paru en 2021 (Prix Lithé Litho), 23,90 €.
Le petit agenda perpétuel du mieux-être, un recueil de citations inspirantes imaginé par Christine Hainaut paru en 2021, 8,50 €.
Une nana, un rêve, un vélo, un tour de France, le récit des aventures du Ride des colibris qui paraîtra en 2023.

_ Ça m’a aidée _

Clara nous raconte les petites choses du quotidien qui l’ont aidée à mieux supporter la maladie.

Me faire masser par ma mère

Toujours douloureuse après les traitements, je me souviendrai toujours des heures passées avec ma mère qui puisait toute son énergie pour me masser et me soulager. Ça nous a rapprochées.

Profiter de la vie

Même sans avoir beaucoup de moyens, ma mère a fait en sorte de privilégier des moments de vie avec mon frère, comme un bon resto ou quelques jours de vacances. On s’est toujours fait plaisir, dans le seul but de se retrouver.

Continuer de bien manger

Experte en alimentation, en micronutrition et en nutrithérapie, ma mère s’est toujours surpassée pour que je bénéficie d’une alimentation équilibrée. Le secret pour être en meilleure forme et bien guérir.

Reprendre une activité sportive

Ma mère m’a remise très tôt au sport, malgré les traitements. Ce n’était plus du sport de haut niveau, mais plutôt de l’entretien physique. Et surtout un prétexte pour qu’on se retrouve toutes les deux hors du contexte hospitalier.