Ligués contre le cancer

Inégalités

« Les exilés font les frais d’une stratégie politique qui manque d’humanité. »

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Accès aux soins
Accompagnement
Exilés
Inégalités
Interview

21/12/2022

Dr Claire Fessard,
médecin référente au Comité pour la santé des exilés (Comede)

Depuis 2015, le docteur Claire Fessard exerce au sein du pôle médical du Comede, une association qui promeut la santé des exilés en leur proposant un accompagnement médical, social, juridique et psychologique. Claire Fessard reçoit les patients en consultation dans l’antenne du Comede située à l’hôpital Bicêtre, en région parisienne.

Quels problèmes les exilés rencontrent-ils face à l’accès aux soins ?


Ces patients présentent plusieurs facteurs de vulnérabilité, tels que la barrière de la langue, des problèmes d’hébergement et bien souvent une absence de droit à la prise en charge de l’assurance maladie. Le durcissement des règles d’accès à l’aide médicale d’État (AME) pose également problème dans le suivi médical. Désormais, un patient atteint d’un cancer dont le titre de séjour prend fin doit attendre trois mois pour accéder à l’AME, une période d’incertitude pendant laquelle la continuité des soins n’est pas garantie. La rupture de prise en charge est d’ailleurs l’un des motifs majeurs des appels reçus sur les permanences téléphoniques du Comede. Globalement, cette politique d’accès aux soins, avec la mise en place de délais de carence et la tarification à l’acte, privilégie l’économie au détriment du soin et les patients les plus vulnérables en pâtissent.

« Cette politique d’accès aux soins, avec la mise en place de délais de carence et la tarification à l’acte, privilégie l’économie au détriment du soin. »


Comment assurez-vous la prévention auprès de ces publics ?


Nous avons la possibilité d’inscrire les patients que nous suivons dans les dispositifs de dépistage organisé. Par exemple, nous pouvons leur remettre des kits pour détecter le cancer colorectal et prescrire des mammographies s’ils n’ont pas d’adresse pour recevoir les invitations au dépistage. À Bicêtre, nous avons également créé une consultation gynécologique qui propose, entre autres, de réaliser des frottis de dépistage, si les patientes le souhaitent, un examen que la plupart n’avaient jamais réalisé dans leur pays d’origine et qui ne leur avait jamais été proposé en France.