Ligués contre le cancer

Portrait

Le rire pour démystifier la maladie

Diagnostiqué pour un cancer du poumon, Jean-Marc Godebert a su, par le rire, dédramatiser la maladie avec ses proches, et tisser des liens avec le personnel soignant et même les autres personnes malades. Il publie son témoignage dans Ni fleurs, ni couronnes, un récit très personnel.

Famille
Poumon
Rire

20/12/2021

Rire de mon cancer m’aide à le combattre.

Jean-Marc Godebert

Jean-Marc, 55 ans, est un ancien fumeur. Il tombe dans le piège de la nicotine pour compenser son stress au travail. Lui d’ordinaire plutôt sportif, il n’arrive plus à s’en défaire. En 2019, alors qu’il est à la recherche d’un nouvel emploi, il développe une violente toux chronique. Fumer lui brûle alors la poitrine, et il stoppe net la cigarette. Son médecin traitant soupçonne une coqueluche. Un tour chez le radiologue, ainsi qu’une biopsie, et le couperet tombe : c’est en fait un cancer du poumon. Très vite, le protocole thérapeutique s’impose à lui, avec de longues séances de chimiothérapie. Un traitement efficace puisque la tache sur le poumon disparaît en quelques mois. Une joie de courte durée : le cancer métastase au niveau des glandes surrénales, du cerveau et de la gorge. S’ensuit alors une première immunothérapie. Puis une seconde, en essai clinique, cette fois, en octobre dernier.

À ses côtés, sa compagne Christel,  et ses deux fils de 19 et 22 ans. « L’annonce de la maladie a été comme un coup de massue, se souvient-elle. Je n’ai pas pu m’empêcher d’associer le cancer à la mort. » Du côté de Lucas, son fils aîné : « L’annonce du cancer m’a choqué ! Mon cerveau était comme anesthésié. Je n’ai pas eu de réaction ». De là, un vrai dialogue commence à s’ouvrir. Et c’est justement parce que le cancer n’est pas une blague, qu’ils ont décidé d’en rire tous ensemble. « Ce cancer, comme disait Gabin dans le film Un singe en hiver, je l’emmerde tendrement, affectueusement, amoureusement, mais je l’emmerde quand même ! Faire de l’humour, c’est ma façon à moi de désacraliser la maladie », s’amuse-t-il.

Même à l’hôpital, il rit. Avec son premier oncologue, qu’il surnommait son « ange ». Avec les infirmières et les secrétaires médicales, qu’il finissait par tutoyer amicalement. Et aussi avec les autres patients, avec qui il partageait sa chambre de chimiothérapie. « J’ai remonté le moral de pas mal de troupes avec mon second degré », dit-il. Une relation de confiance qui rendait les consultations beaucoup moins anxiogènes. Le cancer a tout changé, y compris son rapport aux autres : « Je suis beaucoup plus posé, plus altruiste, plus vivant », avoue-t-il. Et sa compagne d’ajouter : « La maladie a même renforcé notre couple et ses relations père-fils. Aujourd’hui, on ne s’embarrasse plus du superflu. On profite de chaque petit moment tous ensemble, plus soudés que jamais ».

Écrire a été pour moi un exutoire.

L’écriture est venue assez tôt. « Je sentais que je vivais un moment exceptionnel dans ma vie. Alors  je prenais des notes la nuit, car je dormais peu », raconte-t-il. Un jour, alors qu’il cherchait à communiquer avec d’autres patients, il s’est inscrit sur le forum de discussion Mon Réseau Cancer du Poumon, dont la Ligue contre le cancer est partenaire. « Dans la présentation de mon profil, je n’ai pas voulu faire un compte rendu médical de ma situation. J’ai préféré raconter mon histoire, avec mes propres mots et ma touche d’humour à la Desproges. Les réactions positives ont été immédiates ! J’ai compris que je pouvais aider les autres par l’écrit. »

De là est née l’idée d’en faire un livre, poussé par ses lecteurs virtuels et ses proches. « Mon livre est un témoignage, d’abord pour mes enfants. Mais aussi pour les personnes malades et leurs proches qui se sentiraient perdus. Pour leur redonner du sourire et de l’espoir », souligne Jean-Marc. « Un livre teinté d’humour, dans lequel chacun peut se reconnaître, et qui nous fait encore aujourd’hui beaucoup rire », conclut Christel.

Le cancer a renforcé notre couple. Christel, sa compagne

En savoir plus

Ni fleurs, ni couronnes,  Jean-Marc Godebert,  éditions Plume Libre,  2021, 17,50 €.

Ça m’a aidé

Jean-Marc nous livre ses conseils pour mieux vivre la maladie : « Le secret, c’est de prendre  soin de soi et de se tourner vers les autres. »

Rire avec mes proches

Le rire, c’est la vie ! Si on est capable de rire de la maladie, alors c’est que le combat est gagné d’avance. Parce qu’on ne se laisse pas envahir par la dépression qui nous gâche  nos moments de vie précieux.

Écrire mes souvenirs

L’écriture a été comme un exutoire pour moi. Elle permet de sortir ce qu’on a sur le cœur et de prendre de la hauteur. Si en plus on arrive à partager ses écrits, c’est très libérateur.

Retrouver une bonne  hygiène de vie

Le cancer aura eu cela de positif qu’il m’a forcé à stopper net  la cigarette. Avec tous les traitements que  j’ai subis, j’ai dû revoir complètement mon alimentation, avec l’aide d’un nutritionniste. Et si je ne fais plus de sport, j’essaie de marcher quotidiennement le plus possible.

Être bien entouré

Lorsque je suis tombé malade, ça m’a rassuré, de savoir que je pouvais compter sur ma famille et mes amis. Recevoir du soutien de ceux qu’on aime, c’est primordial pour aller mieux.