Le 17 juillet 2022, alors qu’elle profite tranquillement de ses vacances avec ses trois petits, Priscilla Haller n’en croit pas ses oreilles. Sébastien Haller, 28 ans, son mari footballeur qui vient tout juste de rejoindre le club allemand du Borussia Dortmund, lui annonce à distance qu’il est atteint d’un cancer avancé des testicules. « J’étais sous le choc ! », s’exclame-t-elle. Impossible d’en parler aux enfants, pour ne pas gâcher leur séjour. Elle attendra de rentrer aux côtés de son époux pour leur montrer une vidéo pédagogique et rassurante sur ce cancer qui touche davantage les hommes jeunes, mais dont 95 % des personnes sortent indemnes.
Rire et dédramatiser
Au sein de la clinique allemande dans laquelle Sébastien Haller est suivi, l’équipe soignante lui annonce le protocole : ablation de la tumeur par chirurgie, suivie de plusieurs séances de chimiothérapie et d’un curage ganglionnaire au niveau de l’abdomen. « Je l’ai accompagné dès la première séance de chimio, pour lui apporter tout ce dont il avait besoin, et surtout une dose de bonne humeur », se souvient-elle. L’humour et l’autodérision, qui caractérisent la complicité de ce couple au quotidien, ont été l’un des éléments les plus importants de cette épreuve. Une manière de rire et de dédramatiser une situation tout sauf joyeuse.
« Chaque jour, je lui apportais une dose de bonne humeur
Priscilla Haller
pour qu’il tienne bon. »
Chaque jour auprès de lui, Priscilla vivait la maladie de son mari en même temps que lui. Chaque mise sous perfusion durant la chimio était pour elle une véritable épreuve physique et mentale. « Devant lui, je tenais la barre, j’étais forte. Mais derrière, j’étais terrifiée à l’idée qu’il puisse mourir », avoue-t-elle aujourd’hui. Cacher ses vrais sentiments, c’est ce qui a été le pire, pour Priscilla, qui considère son époux comme son « meilleur ami », son « confident ». « Même si ce n’est pas moi qui étais malade, je souffrais beaucoup. En tant qu’aidante, je n’ai pas eu de suivi psychologique. Le pire, c’est qu’on ne se rend pas compte qu’on va mal quand on le vit. On pense qu’on tient bon, que tout va bien pour soi, mais c’est faux », ajoute-t-elle. Heureusement qu’elle a pu compter sur l’appui de ses proches et de sa famille, notamment pour gérer les petits lors des allers-retours à la clinique.
« Je ne voyais pas
Priscilla Haller
que je souffrais moi aussi. »
Lever un tabou
En parallèle de la vie familiale et des différents séjours à la clinique, une équipe de journalistes de télévision les a suivis. « À aucun moment nous n’avons ressenti l’obligation de nous laisser filmer. L’équipe a été très respectueuse de notre intimité, et nous n’acceptions les caméras que les jours où c’était moralement possible pour nous », explique-t-elle. L’idée du documentaire(1) est partie de la volonté de faire de la sensibilisation sur un cancer méconnu, un peu tabou, surtout dans le milieu du football, et d’encourager les hommes à se faire dépister en cas de grosseur anormale. « Ma participation m’a permis de partager mon expérience en tant qu’aidante, de montrer que notre rôle est primordial, que le soutien est essentiel à la guérison, et qu’on en ressort encore plus fort », conclut-elle. Aujourd’hui, Sébastien Haller est en rémission. Il a repris le championnat depuis janvier 2023, au grand dam de ses enfants, qui ont beaucoup apprécié de l’avoir pour eux pendant les sept mois de combat contre la maladie.
(1) Documentaire Le combat d’Haller, disponible sur MyCanal.
« Le soutien des aidants
Priscilla Haller
est essentiel à la guérison. »
6 octobre, la journée des aidants
La Ligue contre le cancer, pour la deuxième année consécutive, participe à la Journée nationale des aidants, le 6 octobre prochain. Initiée par le Collectif Je t’Aide, l’objectif de cette campagne est notamment d’amener les aidants à s’identifier en tant qu’aidants et de les informer sur les droits et aides dont ils peuvent bénéficier. La Ligue, qui se mobilise aussi pour ce public, interpellera à nouveau les pouvoirs publics sur les spécificités des aidants cancer et défendra une meilleure reconnaissance et valorisation de leur engagement auprès des personnes malades. Elle revendique, en particulier, des aides plus adaptées (assouplissement des critères d’attribution du congé de proche aidant) et une meilleure prise en compte de leurs besoins (social, juridique, financier…). De plus en plus sollicités, les proches aidants occupent une place essentielle et indispensable dans la qualité et la continuité de l’accompagne-ment des personnes malades.
_ Ça m’a aidée _
Priscilla nous raconte les petites choses du quotidien qui l’ont aidée à mieux tenir durant la maladie de son mari.
« La maladie nous rappelle
Priscilla Haller
qu’il y a des choses essentielles dans la vie. »
Faire du sport
« Peu après avoir découvert sa maladie après son arrivée au Borussia Dortmund, Sébastien n’a pas eu d’autre choix que de se replonger immédiatement dans l’entraînement quotidien. Puisque le sport était bon pour lui, alors j’ai continué à faire de l’exercice en salle pour me maintenir en forme. »
Se retrouver à deux
« En dehors des allers-retours à la clinique, nous avons pu faire une pause rien que nous deux, pour nous retrouver. Cela a été salvateur ! »
Partager de bons moments en famille
« La maladie a eu cela de positif qu’elle a ramené Sébastien à la maison. Les enfants ont pu profiter de leur père comme jamais auparavant, du fait de son métier particulier. La reprise du championnat a été très dure pour eux. »