Ligués contre le cancer

J’ai un cancer…comment aider mon enfant à traverser cette épreuve ?

Apprendre que l’on est atteint d’un cancer est un bouleversement… C’en est un autre, de devoir en parler à son enfant. Comment s’y prendre ? Comment l’accompagner dans la gestion de ses émotions ? Quand se faire aider ?

Accompagnement psychologique
Dialogue
Ecoute
Emotions
Enfant
Epreuve
Psychologue

18/12/2024

Si

Si la tentation de cacher son propre cancer à son enfant peut se comprendre, ce choix peut avoir des effets néfastes pour celui que l’on pense protéger en gardant le silence. Le parent se sent désemparé entre le besoin de dire et la peur de nuire. « Un enfant peut très tôt ressentir que quelque chose ne va pas chez son parent, explique Laurence Syp, psychologue clinicienne au Centre Léon Bérard de Lyon (Rhône). On sait même que les bébés peuvent essayer de consoler un autre bébé ou un adulte qui s’occupe d’eux, d’où l’intérêt de dire à son enfant qu’on est malade, même très tôt. »

Il est important de parler de son cancer à son enfant pour éclairer ce qu’il perçoit, désamorcer certaines tensions et angoisses, et préserver le lien de confiance. Mais comment en parler ? Là encore, Laurence Syp évoque l’intérêt de la transparence et de l’emploi du mot « cancer ». Elle précise : « Tant qu’il ne sait pas ce qui se passe, un enfant peut fantasmer une situation qui sera toujours pire que la réalité, et même parfois se demander s’il n’est pas responsable de ce qui semble affecter son parent ». « Se construire à partir d’in-formations erronées peut avoir des effets délétères sur l’adulte qu’il deviendra, altérer son rapport aux autres et à lui-même », ajoute-t-elle.

Mettre des mots sur une réalité


Il peut être intéressant de raconter les choses en commençant par le début et en mettant des mots simples, adaptés à l’âge de l’enfant, sur ce qui se passe et se passera (réorganisation de la vie quotidienne, absences liées aux traitements, effets secondaires, etc.) afin d’aider l’enfant à anticiper les changements. On peut avoir besoin de se laisser le temps d’amortir le choc avant d’en parler, ce qui est un processus plus ou moins long. Il peut être pertinent de parler de ce que l’on ressent soi-même, invitant ainsi l’enfant à exprimer ses propres émotions. Par exemple : « Je suis un peu inquiète, en ce moment, c’est parce que… » ou encore, « tu vas peut-être me voir un peu triste dans les jours qui viennent, c’est parce que… ». « En ce qui concerne l’annonce en famille, pour unifier le groupe, il faut que tous aient le même niveau d’information pour se préparer collectivement aux changements, poursuit Laurence Syp. Ensuite, il peut être intéressant de reprendre la conversation individuellement avec chaque enfant et de laisser la porte ouverte au dialogue. »

Être à l’écoute des émotions


Face au cancer de son parent, chaque enfant peut réagir différemment ; certains peuvent se replier, d’autres poser, au contraire, beau-coup de questions. D’autres, encore, peuvent craindre de perdre leur parent, éprouver de la colère, une angoisse de séparation, d’abandon, de mort… « Il est normal d’éprouver toutes ces émotions, rassure Laurence Syp. Il peut même être intéressant de se servir de ces dernières pour ouvrir le dialogue avec l’enfant en lui signalant, par exemple, que l’on a remarqué qu’il n’était pas comme d’habitude et lui proposer d’en parler s’il le souhaite. » Chaque enfant est différent et certains peuvent avoir du mal à mettre des mots sur leurs émotions au moment où ils les éprouvent. Ils peuvent les exprimer de façon détournée en étant plus irritables, en devenant turbulents à l’école ou en montrant des difficultés à se concentrer, par exemple. Informer l’école peut aider l’enfant. Si la situation devient trop difficile à vivre pour lui et sa famille, il peut être intéressant de consulter un psychologue pour enfant, à l’hôpital ou en ville. « Cela peut faire du bien à l’enfant, d’avoir un temps d’échange à lui, et aussi rassurer les parents qui pensent parfois avoir perdu leurs compétences parentales en se focalisant sur la lutte contre la maladie, conclut Laurence Syp. Il faut se faire confiance et faire confiance aux enfants dans leur capacité à rebondir. »

Pour en savoir plus
La Ligue contre le cancer met à votre disposition un numéro vert national gratuit, le 0 800 940 939. Du lundi au vendredi, de 9 h à 19 h, vous pouvez accéder, en tapant 1, à un service d’écoute et de soutien, anonyme et confidentiel, assuré par des psychologues.