Ligués contre le cancer

Traitement

Hormonothérapie : vers une pilule unique ?

Une molécule anticancéreuse combinée à un traitement contre les effets secondaires dans une seule pilule ? C’est possible, grâce à l’impression 3D! Un essai clinique s’ouvrira à l’Institut Gustave Roussy en 2022 pour tester le procédé sur des femmes atteintes d’un cancer du sein et traitées par hormonothérapie.

Effets secondaires
Essais cliniques
Sein

20/12/2021

Les femmes traitées par hormonothérapie prennent-elles correctement leur traitement ? C’est à cette question que le docteur Barbara Pistilli, oncologue et cheffe du comité de pathologie mammaire à l’IGR, a tenté de répondre en 2018 via une étude prospective. « Nous souhaitions évaluer la non-observance de l’hormonothérapie adjuvante chez les femmes non ménopausées atteintes d’un cancer du sein, simplement en mesurant la concentration dans le sang du tamoxifène, cette molécule anticancéreuse utilisée dans le traitement. » Résultat : lors de la première année de suivi, une patiente sur six n’adhérait pas au traitement prescrit. Et lors de la troisième année, une patiente sur trois !

Les effets secondaires en cause

Pourquoi ces femmes négligent-elles un traitement censé leur éviter une rechute ? « En grande partie à cause des effets secondaires, qui se traduisent bien souvent par une grande fatigue, des insomnies, une prise de poids, des douleurs musculosquelettiques ou encore des bouffées de chaleur », explique-t-elle. C’est pour améliorer l’adhésion au traitement, et surtout la qualité de vie des patientes, que l’IGR et FabRx, une start-up de biotechnologie qui a lancé une des premières imprimantes 3D à usage pharmaceutique, ont développé une pilule unique, composée à la fois  de la molécule anticancéreuse (tamoxifène) et du traitement pour les douleurs musculosquelettiques ou pour les bouffées de chaleur. Une façon de prendre en compte le caractère unique de chaque patiente et de répondre à ses besoins bien spécifiques (pour traiter soit les douleurs musculosquelettiques, soit les bouffées de chaleur), tout en évitant de compliquer la prise quotidienne du traitement avec plusieurs comprimés. De plus, les patientes auront accès  à une application, développée en collaboration avec la start-up Resilience, qui les rendra plus informées et plus autonomes dans la gestion des effets secondaires au quotidien.

Vers un essai clinique

Ce projet s’inscrit dans le cadre  d’INTERLACE, un vaste programme mené à l’IGR dédié aux patientes en rémission d’un cancer du sein. Il vise à transformer leur prise en charge en se concentrant sur la personnalisation des soins grâce au développement de nouveaux outils thérapeutiques. En cours de développement, la formulation de ces néomédicaments sera testée en 2022 lors d’un essai  clinique multicentrique piloté par  l’IGR pour évaluer l’efficacité, l’acceptabilité et l’adhésion au traitement par rapport à la prise en charge classique. « Cette étude de phase 2 sera probablement suivie d’une étude de phase 3, avec des critères d’inclusion de patientes beaucoup plus larges, qui nous permettront d’obtenir une autorisation de mise sur le marché, souligne le docteur Pistilli. Mais il faudra encore patienter quelques années… »

Le point de vue du médecin

Dr Barbara Pistilli, oncologue et cheffe  du comité de pathologie mammaire à Gustave Roussy

« Les patientes traitées par hormonothérapie doivent souvent prendre d’autres traitements pour gérer les effets secondaires. Les prendre tous dans un seul comprimé avec un dosage individualisé devrait améliorer l’adhésion au traitement. Cette collaboration avec FabRx va nous permettre d’aller encore plus loin en médecine personnalisée et de proposer aux patientes un médicament sur mesure.»