Ligués contre le cancer

Vécu

Dédiaboliser le cancer

Gina Beramice, 63 ans, en chimiothérapie depuis septembre 2020 pour un cancer du sein triple négatif.
Article paru dans Vivre N°389 de mars 2021.

Combat
Culture afro-caribéenne
Rencontre

04/06/2021

Comment avez-vous su que vous aviez un cancer ?


L’été dernier, lors d’un contrôle de routine, mon médecin généraliste m’a annoncé que j’avais un cancer du sein : un choc! J’entends encore les battements de mon cœur… À la sortie, j’étais livrée à moi-même, sans plus d’informations. C’est à l’Institut Gustave Roussy de Villejuif que j’ai trouvé les réponses à mes questions et compris que le cancer du sein « triple négatif » est l’un des pires.


Qu’est-ce que le cancer a changé pour vous ?
Il m’oblige quotidiennement à m’investir différemment et à m’adapter à chaque nouvelle situation comme une amazone qui défend son peuple. Cela me donne le courage de poursuivre mes examens en acceptant les maux et les aléas de la maladie. Et puis, étant de nature positive, je le vis plutôt bien et je me sens lumineuse. Même mes proches constatent que je rayonne. Évidemment, ce n’est pas facile tous les jours mais cela ne sert à rien de se plaindre car la douleur se nourrit de la plainte. Pour vaincre, il faut accepter les contraintes et vivre chaque jour pleinement.

Dans la culture afro-caribéenne, le cancer est une fatalité contre laquelle on ne peut rien. Cela doit changer.

En plus de lutter contre la maladie, vous avez un autre combat… Lequel ?
J’ai perdu une amie âgée de 50 ans parce qu’elle avait négligé une boule dans le sein. Elle était de culture afro-caribéenne, comme moi. J’ai pris conscience qu’il y avait un manque d’informations et une négligence du dépistage dans notre communauté. Cela serait lié au fait que notre culture stigmatise ou diabolise certaines maladies comme le cancer. Cela engendre un tabou qui sème le doute, le repli, et augmente le taux de mortalité.


Concrètement, comment contribuez-vous à lever le tabou du cancer ?
Afin de lutter contre cela, je veux informer ma communauté sur la réalité du cancer avec un documentaire qui en donne une vision au plus près du ressenti des malades. Je filme certains de mes rendez-vous, mes entretiens avec le personnel soignant, la salle d’attente… Je m’informe, je questionne, et certains patients acceptent de me répondre. Autant de belles personnes qui ont pris conscience du fait que le cancer n’est pas une fatalité.