Ligués contre le cancer

Inégalités

Comme d’autres, le département du Lot-et-Garonne est sinistré

Accès aux soins
Désert médical
Inégalités
Interview
isolés
Lot-et-Garonne
Soignant

23/09/2022

Parole de soignant

Dr Jean-Marcel Mourgues,
vice-président du Conseil national de l’Ordre des médecins

En complément de ses fonctions au sein du Conseil national de l’Ordre des médecins, le docteur Mourgues exerce comme médecin généraliste à Pujols, dans le Lot-et-Garonne.

Quelles difficultés vos patients rencontrent-ils ?


Dans le Lot-et-Garonne, où il y a 0,62 médecin généraliste pour 1 000 habitants et où un tiers de la population a plus de 60 ans, des spécialités entières ont disparu comme la dermatologie et la psychiatrie de ville. La plupart des consultations se font hors du département, preuve d’une rupture sévère, profonde et aggravante dans l’accès et le parcours de soins, les malades mettant trois semaines à obtenir un rendez-vous chez un médecin traitant et jusqu’à plusieurs mois pour voir un spécialiste. S’ajoute à cela l’absence d’acculturation au numérique, qui complique la prise de rendez-vous en ligne. Pour certains patients atteints de cancer, cela entraîne une perte de chances considérable.

Comment expliquez-vous ce phénomène ?


À la fin des années 80, nous avons laissé s’installer une politique restrictive de l’offre, alors que la population était singulièrement plus jeune et moins nombreuse qu’aujourd’hui. Il existe maintenant des fractures territoriales intenses qui n’opposent d’ailleurs plus seulement la ruralité aux agglomérations car il existe aussi des déserts médicaux en région parisienne. Pour tenter de les réduire, il faut une ambition considérable et une réforme de la santé très talentueuse, construite, à l’écoute de tous les partenaires. C’est un enjeu démocratique considérable.

En tant que médecin exerçant en zone rurale, comment vivez-vous cette situation ?


Je ressens une profonde insatisfaction. Nous, médecins, ne pouvons plus assurer un exercice de qualité ni répondre aux justes attentes de la population. Terminer sa carrière ainsi est particulièrement frustrant.