Ligués contre le cancer

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« Certains patients accèdent aux soins grâce à la prison. »

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Interview
milieu pénitentiaire
Prévention

21/12/2022

Dr Mélanie Kinné,
responsable de l’Unité de soins en milieu pénitentiaire de la maison d’arrêt de Nîmes (Gard)

Après son internaten 2016, le docteur Mélanie Kinné intègre l’Unité de soins en milieu pénitentiaire (USMP) de la maison d’arrêt de Nîmes. Elle en prend la responsabilité en janvier 2020. Depuis juillet 2017, elle a également la responsabilité de l’unité médicale du centre de rétention administrative auprès de migrants.

Quels sont les moyens dont vous disposez pour gérer la santé des détenus à Nîmes ?

L’unité sanitaire étant formatée sur la base d’un effectif théorique de 200 places alors que la prison compte environ 450 détenus, nous avons une petite équipe mais nous nous estimons chanceux. Rattachée au CHU de Nîmes, l’unité sanitaire au sein de la prison est composée de plusieurs généralistes, six infirmiers, une secrétaire, des psychiatres et psychologues, un dentiste, une assistante dentaire et une gynécologue qui intervient une fois par mois.

« Nous organisons régulièrement des ateliers, notamment autour du dépistage du cancer du sein. »


La prévention est-elle possible en prison ?

Oui. À Nîmes, nous organisons régulièrement des ateliers, notamment autour du dépistage du cancer du sein. Nous bénéficions aussi d’interventions du Planning familial sur la contraception et de l’association Gard Lozère Dépistage pour le cancer colorectal, qui collaborent avec l’équipe d’enseignement de la maison d’arrêt. Ces initiatives sont plutôt bien perçues par les détenus et l’administration pénitentiaire.

Existe-t-il une perte de chance pour les détenus atteints de cancer ?

C’est difficile à dire… Même si les rendez-vous médicaux à l’extérieur sont souvent annulés et reprogrammés deux mois après, nous pouvons gérer les urgences comme le cancer. Certains détenus qui ne bénéficiaient d’aucun suivi à l’extérieur prennent en main leur santé en arrivant à la prison, notamment sur le plan gynécologique. En revanche, la continuité des soins est parfois difficile à assurer dans la mesure où nos patients peuvent être transférés dans un autre établissement ou libérés.