Ligués contre le cancer

Vécu

« J’ai fait un one woman show de ma maladie »

Caroline a 32 ans lorsqu’elle apprend qu’elle est atteinte d’un cancer agressif du médiastin, cette région de la cage thoracique située entre les deux poumons. Très optimiste de nature, elle décide de noter tout ce qui la fait rire pendant ses traitements. Elle ne pensait pas qu’elle irait jusqu’à jouer son histoire devant un public.
Article paru dans Vivre N°386 de septembre 2020.

Artiste
Humour
Spectacle
Témoignage

04/06/2021

Photos Jean-Luc Chicot

J’ai commencé par avoir des douleurs au niveau des vertèbres cervicales. Les médecins pensaient que c’était psychosomatique. Mais un jour, j’ai commencé à avoir des symptômes plus inquiétants : sueurs nocturnes, palpitations, essoufflement, perte de poids fulgurante (moins 10 kilos en un mois !). Ma psychiatre, qui me connaît bien, me trouvait fantomatique. Elle m’a conseillé de réclamer un bilan sanguin à mon médecin traitant. Les résultats ne se sont pas fait attendre.

Admise aux urgences, je passe d’abord un scanner thoracique. Une tumeur est visible entre mon cœur et mes poumons ! Je pense tout de suite à un cancer. Une biopsie confirme mes craintes : l’hématologue m’annonce que j’ai un lymphome B à grandes cellules primitif du médiastin, un cancer très agressif. Je suis soulagée de trouver la cause de tous mes maux, mais, en même temps, je prends conscience que mon pronostic vital est engagé.

Ma tumeur étant inopérable, on me propose très vite une corticothérapie par intraveineuse, pour réduire sa taille au maximum. Puis on me prescrit des cures de chimiothérapie pendant neuf mois pour la détruire. Comme ce traitement peut me rendre stérile, et que j’espère un jour avoir un enfant, j’accepte le prélèvement de mes ovocytes en amont. À ce moment-là, je ne mesure pas encore la portée de ce geste médical. Je suis bien trop concentrée sur ma survie.

Au bout de deux ans, on m’annonce que je suis en rémission. Mon désir d’enfant resurgit. J’attends l’aval de mon oncologue pour me lancer dans une fécondation in vitro. J’en ai fait sept en deux ans ! Une épreuve. On a puisé dans ma réserve d’ovocytes. Malheureusement, chaque fois que je suis tombée enceinte, j’ai fait une fausse couche. Plus tard, j’ai pu bénéficier d’un don d’ovocytes, mais là non plus, ça n’a pas fonctionné. J’ai alors décidé de mettre le projet maternité de côté.

Aujourd’hui, je compense ce manque en me concentrant sur mes projets personnels. Lorsque j’étais à l’hôpital, j’écrivais dans un carnet tous les moments les plus drôles. C’était une manière, pour moi, de garder le moral et de remonter celui de mes proches. Mais au moment de la rémission, j’ai commencé à déprimer. J’ai alors décidé d’aller voir une hypnothérapeute, ancienne directrice de théâtre, Valérie Roumanoff. Quelques séances avec elle m’ont aidée à remettre le plaisir au centre de ma vie. J’ai repris mes textes et j’ai continué à écrire. Elle m’a alors proposé de lire ce récit. Enthousiaste, elle m’a donné l’idée d’en faire un spectacle comique, sans pathos. Elle m’a alors mise en contact avec un metteur en scène, Mathieu Vervisch. Depuis 2018, j’ai joué La Chauve SouriT devant plus de 5 000 personnes partout en France ! Un one woman show décapant dans lequel je raconte avec humour et désinvolture mon combat. Une façon originale d’informer, de sensibiliser et de dédramatiser la maladie auprès du grand public. Beaucoup de spectateurs se reconnaissent dans mon histoire. Je suis même invitée au Festival Off d’Avignon 2021.

Cadre dans le milieu du marketing et de la communication, j’ai décidé de suivre une formation pour me reconvertir et devenir psychosomathérapeute, une discipline prenant en charge le patient dans sa globalité (psychique, corporelle et émotionnelle). Une façon de partager mon expérience de la résilience de manière professionnelle. J’anime également des conférences sur la résilience, ainsi que des « ateliers de résilience créative » à travers le théâtre et l’écriture. Enfin, je développe actuellement le programme « Résiliencezvous ! », qui propose un accompagnement aux malades du cancer pendant et après leur traitement.

EN SAVOIR + : c’est ICI

A LIRE : Le complexe du trampoline ou comment j’ai réussi à rebondir face aux galères de ma vie,
de Caroline Le Flour, éditions Flammarion.

« Moi, Caroline, 40 ans, résiliente multirécidiviste : burn-out à 28 ans, cancer à 32, FIV à 35, infertilité déclarée à 36… Une belle vie de merde ! Mais j’ai décidé d’en tirer des leçons positives et de donner un sens à ma vie. » Dans ce guide pratique de développement existentiel humoristique et thérapeutique, l’auteure livre avec authenticité et désinvolture son expérience, ses principales leçons de vie. Elle invite chacun à se questionner pas à pas sur sa propre histoire et sur le sens que l’on donne à sa vie. Elle offre aussi ses « Trucs et astuces au cas où ! », accompagnés de mots d’experts psychologues. Elle travaille déjà sur l’écriture d’un deuxième ouvrage consacré à la résilience.