Ligués contre le cancer

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Cancer avancé de l’ovaire : l’espoir d’un traitement ciblé efficace

Une nouvelle étude, PAOLA(1), rapporte pour la première fois des bénéfices en survie globale pour un traitement médical, l’Olaparib, dans
les cancers de l’ovaire à un stade avancé.

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21/12/2022

La survie à un cancer avancé de l’ovaire, à un stade 3 ou 4, est très faible : elle est de seulement 20 % à cinq ans, et plus de 70 % des patientes rechutent de leur cancer. Deux traitements seulement existent : la chirurgie et la chimiothérapie. « D’où la nécessité de développer de nouvelles thérapeutiques médicamenteuses pour améliorer le pronostic des patientes », souligne le professeur Isabelle Ray-Coquard, oncologue, spécialiste des cancers de l’ovaire au centre Léon Bérard à Lyon (69). En 2014, elle coordonne un vaste essai clinique international de phase III qui regroupe la France, l’Italie, l’Allemagne, l’Autriche, la Belgique, l’Espagne et le Japon.

En France, le professeur Ray-Coquard s’appuie sur un réseau de cinquante centres du groupe Gineco, dont elle est présidente, pour recruter les 300 patientes françaises sur les 806 au total (en incluant les autres pays). « Il s’agit de patientes volontaires, représentatives de la population, éligibles quels que soient le type de chirurgie ou le statut de mutation BRCA(2) », souligne la spécialiste. Ces 806 volontaires suivent le traitement pendant deux ans : chimiothérapie et Bevacizumab, un antiangiogénique qui s’attaque aux vaisseaux sanguins entourant la tumeur. En association avec ce traitement chimio/Bevacizumab, une fois la chimiothérapie terminée (six cycles, généralement), les patientes sont réparties en deux groupes. Les unes reçoivent un placebo, les autres, des comprimés d’Olaparib (300 mg deux fois par jour) tout en poursuivant le Bevacizumab en entretien. L’Olaparib est une thérapie ciblée de la famille des inhibiteurs de PARP(3), des médicaments qui agissent sur les cellules cancéreuses porteuses d’une mutation BRCA en exploitant une fragilité qui leur est spécifique : l’incapacité à bien réparer leur ADN.

L’essai clinique qui fait bouger la HAS et les laboratoires


Les patientes ont été suivies pendant cinq ans après le traitement. Cet essai clinique a démontré que le traitement Olaparib + Bevacizumab améliorait sensiblement la survie des patientes de statut HRD + : à cinq ans, plus de 65 % des patientes sont en vie et près de 50 % n’ont jamais rechuté. L’acronyme « HRD » désigne un défaut de réparation de l’ADN, fréquent dans les cancers de l’ovaire. « Nous savons que toutes les patientes porteuses d’une mutation BRCA seront HRD + et que l’inverse n’est pas vrai : une patiente HRD + ne sera pas forcément porteuse de la mutation », explique le professeur Ray-Coquard. En ligne de mire, l’utilisation d’un test pour déterminer le statut HRD, la clé pour pouvoir pro-poser un traitement personnalisé, c’est-à-dire adapté au profil génétique des patientes. « À l’époque de l’essai clinique, le test HRD n’était pas encore prêt. Aujourd’hui, il en existe plusieurs disponibles et validés mais ils ne sont pas encore remboursés par la Sécurité sociale », précise le professeur Ray-Coquard. Toutefois, les choses devraient bientôt changer, car les résultats de l’essai PAOLA-1 ont eu un effet positif. Des tests HRD développés par deux laboratoires académiques en France, et d’autres mis au point en Belgique et en Suisse, sont prêts à être commercialisés. Et, point essentiel, la Haute Autorité de santé a annoncé leur remboursement pour l’année prochaine. Une médecine personnalisée et accessible qui redonne de l’espoir aux femmes touchées par le cancer de l’ovaire.

(1) Une autre étude nommée SOLO1 a également rapporté des bénéfices en survie globale pour le traitement médical par Olaparib.
(2) La mutation du gène BRCA est une anomalie génétique héréditaire.
(3) PARP est l’abréviation de poly (ADP-ribose) polymérase.

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Le cancer de l’ovaire dans l’ombre

On dénombre un peu plus de 5 300 cas de cancer de l’ovaire par an en France, soit environ onze fois moins que de cancers du sein. L’âge médian des patientes est de 62 ans et la maladie est de mauvais pronostic avec près de 4 000 décès annuels. « Le cancer de l’ovaire est peu médiatisé et souffre d’un manque de moyens dans le financement de la recherche de nouveaux traitements », souligne le professeur Ray-Coquard.